EADS SOGERMA : un espoir pour les salariés
Un espoir pour les salariés Sud-Ouest
(c) Sud-Ouets : Régine Jordan |
Prudence. Les premières réactions des salariés de l'établissement Sogerma
de Mérignac n'empruntaient pas au registre de la victoire, hier après-midi,
après l'annonce d'un moratoire sur la fermeture du site. Cette annonce faite par
Jean-Louis Borloo et reprise par François Loos, ministre délégué à l'Industrie,
suscitait néanmoins un « espoir » que les différents représentants de
l'intersyndicale ont exprimé devant Laurent Fabius, invité de passage.
« Un moratoire, c'est
un bon point », explique Bernard Tachoire, délégué syndical central FO. « On
voulait monter le débat au niveau national et on y est parvenus. Mais, pour
autant, cela ne veut pas dire que c'est terminé. La bataille continue et nous
attendons avec impatience notre entrevue au ministère de l'Emploi demain matin
(NDLR : ce vendredi matin). » Derrière les portes de l'usine, barrées par une
seule banderole au message funeste : « Usine morte », le silence règne entre les
ateliers, où toute activité a cessé depuis lundi.
Epée de Damoclès.
Seule la présence de nombreux
journalistes sur le parking extérieur souligne l'effervescence suscitée par les
messages du gouvernement livrés en début d'après-midi. Jean-Louis Borloo,
ministre de l'Emploi, a fait savoir par un communiqué qu'il avait demandé un
moratoire à Noël Forgeard, président d'EADS. « Sans méconnaître les impératifs
liés au plan de charge de l'entreprise, à l'évolution de ce secteur industriel,
Jean-Louis Borloo a demandé que soit décidé un moratoire et que cette question
soit réévoquée au plus proche conseil d'administration d'EADS », précise le
texte du ministère.
Plus explicite, le ministre délégué à l'Industrie, s'exprimant devant le
Sénat, complétait peu après en indiquant : « Le comité d'entreprise qui doit se
tenir le 23 mai ne portera pas sur le plan de sauvegarde de l'emploi, mais sur
une concertation sur l'avenir industriel et aéronautique à Mérignac et sur les
pistes qu'EADS doit dégager pour ce pôle aéronautique. » Autrement dit, François
Loos assurait qu'EADS « accepte de reprendre les concertations et de se donner
du temps ».
Un message
reçu avec réserve par les représentants de l'intersyndicale, partagés entre la
satisfaction d'avoir obtenu de porter le débat au plus haut de l'Etat, mais
sceptiques quant à la stratégie poursuivie par le groupe industriel. « Cela fait
un an et demi que les salariés travaillent avec une épée de Damoclès sur la
tête, souligne Bernard Tachoires. Ce que nous voulons, c'est un projet
industriel qui assure le maintien à long terme d'un pôle de maintenance
aéronautique de haute technologie pour l'aviation civile et militaire. »
« Un pied dans la porte ». « Les salariés ressentent de l'écoeurement », ajoute Jean-Louis Dauphin
(CFDT). « La présentation qui a été faite du déficit est scandaleuse. Lorsque
l'on entre dans le détail du déficit d'exploitation imputable au site de
Mérignac, rien ne justifie la fermeture du site. On marche sur la tête. »
Constituée depuis deux
mois, l'intersyndicale interpelle les pouvoirs publics sur la nécessité de
développer un projet industriel. Le changement de l'ordre du jour du comité
central d'entreprise prévu le 23 juin apportera peut-être un début de réponse.
Mais, pour l'heure, chacun reste prudent. « On met un pied dans la porte. C'est
un début. Il n'y avait jamais eu de négociations jusque-là », rappelle le
délégué FO.
La
brutalité de l'annonce de la fermeture a sonné les 1 100 salariés de Mérignac.
Et bien au-delà, si l'on en juge par l'écho rencontré auprès des hommes
politiques de tout bord. Les visiteurs de marque se succèdent sur le site. Noël
Mamère hier matin, Laurent Fabius hier soir. « Ce moratoire suscite un espoir
pour les salariés. Il ne faut pas le décevoir », résumait hier soir Pierre
Acquaviva, secrétaire du comité d'entreprise (CFE-CGC).