Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

EADS SOGERMA et ses filiales

20 mai 2006

EADS SOGERMA : un espoir pour les salariés

Un espoir pour les salariés       Sud-Ouest

(c) Sud-Ouets :  Régine Jordan

Prudence. Les premières réactions des salariés de l'établissement Sogerma de Mérignac n'empruntaient pas au registre de la victoire, hier après-midi, après l'annonce d'un moratoire sur la fermeture du site. Cette annonce faite par Jean-Louis Borloo et reprise par François Loos, ministre délégué à l'Industrie, suscitait néanmoins un « espoir » que les différents représentants de l'intersyndicale ont exprimé devant Laurent Fabius, invité de passage.
« Un moratoire, c'est un bon point », explique Bernard Tachoire, délégué syndical central FO. « On voulait monter le débat au niveau national et on y est parvenus. Mais, pour autant, cela ne veut pas dire que c'est terminé. La bataille continue et nous attendons avec impatience notre entrevue au ministère de l'Emploi demain matin (NDLR : ce vendredi matin). » Derrière les portes de l'usine, barrées par une seule banderole au message funeste : « Usine morte », le silence règne entre les ateliers, où toute activité a cessé depuis lundi.

190506soge
Epée de Damoclès. Seule la présence de nombreux journalistes sur le parking extérieur souligne l'effervescence suscitée par les messages du gouvernement livrés en début d'après-midi. Jean-Louis Borloo, ministre de l'Emploi, a fait savoir par un communiqué qu'il avait demandé un moratoire à Noël Forgeard, président d'EADS. « Sans méconnaître les impératifs liés au plan de charge de l'entreprise, à l'évolution de ce secteur industriel, Jean-Louis Borloo a demandé que soit décidé un moratoire et que cette question soit réévoquée au plus proche conseil d'administration d'EADS », précise le texte du ministère.
Plus explicite, le ministre délégué à l'Industrie, s'exprimant devant le Sénat, complétait peu après en indiquant : « Le comité d'entreprise qui doit se tenir le 23 mai ne portera pas sur le plan de sauvegarde de l'emploi, mais sur une concertation sur l'avenir industriel et aéronautique à Mérignac et sur les pistes qu'EADS doit dégager pour ce pôle aéronautique. » Autrement dit, François Loos assurait qu'EADS « accepte de reprendre les concertations et de se donner du temps ».
Un message reçu avec réserve par les représentants de l'intersyndicale, partagés entre la satisfaction d'avoir obtenu de porter le débat au plus haut de l'Etat, mais sceptiques quant à la stratégie poursuivie par le groupe industriel. « Cela fait un an et demi que les salariés travaillent avec une épée de Damoclès sur la tête, souligne Bernard Tachoires. Ce que nous voulons, c'est un projet industriel qui assure le maintien à long terme d'un pôle de maintenance aéronautique de haute technologie pour l'aviation civile et militaire. »

« Un pied dans la porte ». « Les salariés ressentent de l'écoeurement », ajoute Jean-Louis Dauphin (CFDT). « La présentation qui a été faite du déficit est scandaleuse. Lorsque l'on entre dans le détail du déficit d'exploitation imputable au site de Mérignac, rien ne justifie la fermeture du site. On marche sur la tête. »
Constituée depuis deux mois, l'intersyndicale interpelle les pouvoirs publics sur la nécessité de développer un projet industriel. Le changement de l'ordre du jour du comité central d'entreprise prévu le 23 juin apportera peut-être un début de réponse. Mais, pour l'heure, chacun reste prudent. « On met un pied dans la porte. C'est un début. Il n'y avait jamais eu de négociations jusque-là », rappelle le délégué FO.
La brutalité de l'annonce de la fermeture a sonné les 1 100 salariés de Mérignac. Et bien au-delà, si l'on en juge par l'écho rencontré auprès des hommes politiques de tout bord. Les visiteurs de marque se succèdent sur le site. Noël Mamère hier matin, Laurent Fabius hier soir. « Ce moratoire suscite un espoir pour les salariés. Il ne faut pas le décevoir », résumait hier soir Pierre Acquaviva, secrétaire du comité d'entreprise (CFE-CGC).

Publicité
Publicité
18 mai 2006

EADS accepte un moratoire sur la SOGERMA

(c) LExpansion.com

Entreprises

18/05/2006

EADS accepte un moratoire sur la Sogerma

LExpansion.com


EADS a consenti à se « donner du temps » dans le dossier Sogerma. Autrement dit, le groupe aéronautique propose de différer la fermeture de sa filiale girondine déficitaire spécialisée dans la maintenance d'avions. Le groupe franco-allemand a pris cette initiative sous la pression conjuguée des ministres de l'Emploi (Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher) et de l'Industrie (François Loos). L'usine de Mérignac emploie 1000 personnes. Du coup, le comité d'entreprise de mardi prochain, 23 mai, ne portera pas sur le plan social initialement prévu mais sur les options possibles pour l'avenir.

18 mai 2006

EADS SOGERMA : Les élus pour un projet industriel

Les élus pour un projet industriel  Sud-Ouest

:(c) Sud-Ouest : Bernard Broustet

Cinq jours après l'annonce brutale de la fermeture du site de Mérignac, le gouvernement a entamé ses concertations sur la Sogerma. Les parlementaires girondins, accompagnés d'Alain Rousset, président de la Région, ont ainsi été reçus hier après-midi par Gérard Larcher, ministre délégué à l'Emploi. Ils ont eu droit, pendant une partie de l'audience, à la visite suprise de Jean-Louis Borloo, qui est en quelque sorte le patron du pôle social du gouvernement. Au cours de cette réunion, la création d'une « task force » (« force spéciale ») pour étudier un projet industriel a été évoquée.

180506soge
« Message unanime ». Les élus locaux semblent avoir fait passer un message unanime. Pour eux, à ce jour, il n'est pas question de se placer dans une logique de plan social qui reviendrait en quelque sorte à avaliser d'ores et déjà la fermeture du site. Comme le dit Michel Sainte-Marie, député-maire de Mérignac, il y a eu sur ce point « un front du refus ». « Ce que nous demandons, confirme Alain Rousset, c'est un projet industriel dans lequel s'engagent EADS et Airbus. » Et Hugues Martin, député-maire de Bordeaux, partage cette volonté affichée de faire pression sur le géant européen de l'aéronautique pour maintenir une activité industrielle à Mérignac. « Nous avons rappelé tout ce qui avait été fait en Gironde et tout l'argent public qui avait été injecté dans la région au profit d'EADS et d'Airbus pour la route à grand gabarit et pour le passage des barges de l'A380 », indique l'édile girondin.

Larcher à l'écoute. Bien qu'il soit plutôt en charge des questions d'emploi que des problèmes industriels, Gérard Larcher a pris bonne note de ces positions. Celles-ci devraient être répercutées aujourd'hui à Noël Forgeard qui sera reçu conjointement au ministère de l'Emploi par l'intéressé, par Jean-Louis Borloo et par François Loos, ministre délégué à l'Industrie. Le lendemain, Gérard Larcher, qui se sera décidément beaucoup instruit sur la maintenance aéronautique tout au long de cette semaine, recevra l'intersyndicale CFE/CGC-FO-CGT-CFDT.
Après avoir ainsi entendu les principales parties, le gouvernement devrait arrêter plus précisément sa position sur ce dossier qui a déjà donné lieu à des déclarations véhémentes de plusieurs ministres, à commencer par Dominique de Villepin, sur les méthodes utilisées dans cette affaire par EADS.

Processus de « mobilité ». A ce jour, le groupe européen ne semble pas vouloir revenir sur une décision dont les causes et les modalités d'application devraient être examinées en détail dès mardi prochain par le comité central d'entreprise de la Sogerma, lors de la première séance officielle de présentation du projet d'arrêt des activités du site girondin. EADS ayant par ailleurs d'ores et déjà ouvert le processus de « mobilité » dans le cadre duquel des centaines de postes sont proposés aux salariés dans d'autres entités du groupe (Airbus, Eurocopter, etc.). Un éventuel « projet industriel » risquerait de ne concerner qu'une fraction de l'effectif girondin. A ce jour, on ne discerne guère les contours éventuels d'un tel projet. Mais il est sUr que si aucune activité de substitution n'est prévue sur le site et le bassin d'emploi, les conséquences sur le tissu économique local risquent d'être dramatiques.

17 mai 2006

EADS SOGERMA interview Anne Marie Perrus

« La Défense n'a rien proposé »    Sud-Ouest

:(c) Sud-Ouest : Recueilli par Bernard Broustet

« Sud Ouest ».
La fermeture de Mérignac n'était-elle pas décidée depuis plusieurs mois ?
Anne-Marie Perus.
Je ne suis pas d'habitude quelqu'un qui ferme les usines, mais quelqu'un qui les développe. Si j'avais su la réalité de la situation de la Sogerma au moment où EADS m'a nommée à sa direction, je ne suis pas sûre que j'aurais accepté ce défi.
170506perus
EADS n'avait donc pas pu appréhender plus tôt l'ampleur des dégâts économiques ?
Jusqu'à la mi-2005, on évoquait une prévision de déficit de 90 millions pour l'année. La réalité comptable n'est apparue qu'à la fin de l'année. C'est à ce moment-là qu'on m'a demandé de prendre la tête de la Sogerma. Mais les raisons de ces très mauvais résultats n'avaient pas été appréhendées. Il m'a fallu un peu de temps pour les comprendre.

Comment les expliquez-vous ?
Elles sont dues à un faisceau de causes. La perte du marché de la maintenance des C130 de l'armée de l'air, en 2002, a porté un coup très dur à l'entreprise. Mais celle-ci a également dû faire face à la détérioration de sa situation dans la maintenance civile. Par ailleurs, la volonté de renforcer l'activité de production de fauteuils de première et business class à Rochefort a donné lieu à de gros problèmes industriels. L'établissement n'a pas pu faire face à la montée des commandes. On se retrouve aujourd'hui avec des retards de livraison qui ont de grosses conséquences sur nos clients. Enfin, la diversification menée à Mérignac dans l'aménagement de gros Airbus VIP pour les gouvernants du Qatar s'est révélée un gouffre financier.

On dit que la direction de la Sogerma avait été amenée à prendre ces marchés à perte à la demande d'EADS, qui espérait avoir en contrepartie, de la part de la compagnie nationale du Qatar, des commandes d'Airbus A350, qu'elle a d'ailleurs décrochées par la suite.
Je n'étais pas là au moment où ces contrats ont été conclus, mais j'ai un peu de mal à le croire. La Sogerma doit aujourd'hui 470 millions à sa maison mère. J'imagine difficilement que celle-ci ait délibérément contribué à creuser ce passif.

La maintenance civile, métier essentiel de Mérignac, n'a été déficitaire que d'une vingtaine de millions en 2005. Or, vous la supprimez, et dans le même temps, vous gardez l'activité fauteuil de Rochefort, où les pertes sont beaucoup plus lourdes. Comment expliquer ce choix ?
La maintenance civile a des problèmes de compétitivité structurels. Pour ce qui est des visites périodiques de cellules (1), la Sogerma doit faire face à la concurrence des pays à bas coût. Dans la maintenance journalière en ligne, la Sogerma souffre de ne pas être implantée sur un grand hub aéroportuaire. Pour ce qui est de la maintenance d'équipements, elle était rentable jusqu'ici. Mais l'entreprise scandinave SAS Components, qui était notre partenaire et notre client dans ce domaine, a été rachetée par Singapore Airlines, qui lui demande de ne plus travailler avec nous, à moins de baisser nos coûts de 50 %. Ce n'est pas possible.

Avez-vous vraiment l'intention de garder à Rochefort l'activité de fabrication des fauteuils, ou ne s'agit-il que de livrer les commandes en cours ?
Je pense qu'on peut sauver cette activité.

Si la décision d'arrêter Mérignac n'était pas prise dès le départ, quels sont les éléments nouveaux qui ont motivé la fermeture ?
Nous pensions que l'avenir du site pouvait reposer sur le militaire. J'ai rencontré beaucoup d'interlocuteurs au ministère de la Défense. Ils ne m'ont rien proposé. Je suis aujourd'hui en droit de me demander s'il y a une réelle volonté de maintenir en France une activité de maintenance militaire.

Les partenaires sociaux étaient sortis relativement optimistes, il y a dix jours, d'une rencontre avec Gustav Humbert, PDG d'Airbus, qui avait parlé de trois semaines d'études pour explorer diverses pistes, dont le réaménagement à Mérignac d'A380 de développement destinés à être revendus ensuite à des compagnies aériennes. Comment se fait-il que le couperet soit tombé avant ce délai ?
Dans cette réunion à laquelle j'assistais, il y a peut-être eu un problème de compréhension, car les échanges se faisaient par l'intermédiaire d'un interprète. Gustav Humbert a évoqué plusieurs dossiers, dont l'aide qu'Airbus pouvait apporter à Rochefort pour l'aérostructure, et à notre établissement de Toulouse pour l'aménagement d'A319 et d'A320 de luxe. Le travail éventuel sur l'A380 à Mérignac ne pouvait se concevoir que comme une solution passagère, destinée notamment à attendre des charges militaires. Or, je le répète, il n'y avait aucun espoir de ce côté-là.

(1) Ensemble d'un avion, hors moteurs et équipements.

16 mai 2006

EADS SOGERMA : Les salariés se rebiffent

Les salariés se rebiffent      Sud-Ouest

: (c) Sud-Ouest : Bernard Broustet

Trois jours après l'annonce de la fermeture du site mérignacais, les salariés girondins de la Sogerma ont exprimé en masse leur colère et leur désarroi. Dès hier matin, quelque 200 d'entre eux ont spontanément envahi les bureaux qui abritent la direction de la société. La PDG, Anne-Marie Perus, n'était pas sur les lieux. Mais le directeur industriel, Cédric Gautier, et le directeur des ressources humaines, Donald Fratti, ont été fermement invités à venir s'expliquer devant le personnel. Dans un climat tendu, les deux hommes ont notamment rendu hommage à la compétence des salariés de l'entreprise et à leur conscience professionnelle, qui a poussé ceux d'entre eux qui avaient encore une occupation à continuer de travailler jusqu'à ces derniers jours malgré les menaces qui s'amoncelaient sur le site. Les quolibets qui ont salué certains de leur propos donnent peut-être un signe avant-coureur de l'ambiance qui risque de régner aujourd'hui à 11 h 30 lorsque Mme Perus s'adressera au personnel.

Belle pagaïe. Dès le début de la matinée, des CRS avaient pris place en bordure des terrains aéroportuaires qui jouxtent les locaux de l'entreprise. Devant cette situation, plusieurs salariés décidèrent de remorquer un vieil Airbus A 310 à proximité de l'endroit où les forces de l'ordre étaient stationnées. Une fois l'avion sur place, ils mirent les réacteurs en marche, provoquant le bruit que l'on devine. Après le retrait des CRS, consécutif à cette initiative, quelque 400 à 500 salariés envahirent l'emprise de l'aéroport. Il était à peu près 11 heures lorsque, après avoir parcouru la distance de plus de 1 kilomètre séparant la Sogerma de la principale piste, ils prirent position sur celle-ci. Leur action allait provoquer une belle pagaïe : neuf vols durent être détournés vers Toulouse et Biarritz, quatre autres étant annulés et trois subissant de sérieux retards.
Après plus d'une heure d'occupation, les fourgons de CRS firent alors mouvement vers la piste, où les policiers se déployèrent face aux manifestants. A l'issue d'une série d'échanges entre l'intersyndicale, le commissaire de la police de l'air et les manifestants, ceux-ci acceptèrent de quitter les lieux à condition que les policiers partent les premiers. Ceux-ci obtempérèrent sous les applaudissements avant que les salariés réintègrent leur site.

Hangars déserts. A leur retour, dans le vaste établissement de la Sogerma, il régnait une ambiance étrange. Les quatre grands hangars parallèles, reconstruits ou modernisés à grands frais ces dernières années, étaient quasiment vides de tout avion : depuis plusieurs semaines, il n'est rentré presque aucune charge dans l'entreprise, à l'exception de certains équipements (avionique...) et d'éléments de voilure d'avions régionaux ATR, dont l'assemblage avait été confié à l'établissement. Dans ces conditions, une bonne partie du personnel n'avait plus de travail depuis quelque temps. Dans cet établissement quasiment fantôme, les salariés les plus anciens évoquaient les innombrables avions qui, au fil des décennies, avaient « peuplé » ces bâtiments aujourd'hui déserts. « On a fait l'aménagement de l'Airbus numéro 2 » (1), rappelait Bernard Daheron, cadre, entré dans l'entreprise en 1977. « On a eu la maintenance des Jaguar. Après, les avions de transport militaire C-130. C'était notre vitrine, notre signature. Quand on a perdu ce marché, on a beaucoup perdu, car il assurait notre fond d'activité. Depuis dix ans, la société a beaucoup changé. La structure était légère, elle a gonflé. En voulant faire une entreprise très organisée, on a mis sur pied une machine très compliquée, qui était de moins en moins efficace. »
160506soge

« Tout faux ». Dans les restaurant d'entreprise, les salariés exhalaient leur angoisse et leur incompréhension. « On nous propose des mobilités, disait un technicien, mais, dans une entreprise où la moyenne d'âge est de 45 ans, il y a beaucoup de gens pour qui la mobilité est impossible. » « Quand je pense, disait un cadre, qu'on nous a encore fait faire des stages cette année. Personnellement, j'ai suivi des stages d'économie, de stratégie et de communication. Par rapport à ce qui nous a été enseigné, je constate que, dans ces trois domaines, ils ont tout faux, ils n'ont rien compris à la maintenance. »

(1) Il s'agit du deuxième exemplaire de l'A 300, premier modèle de l'Airbus, dont l'aménagement avait été confié à la Sogerma après ses vols d'essais.

Publicité
Publicité
14 mai 2006

EADS SOGERMA : sonnés et abandonnés

Sonnés et abandonnés     Sud-Ouest

: (c) Sud-Ouest :  Jean-Pierre Deroudille

Sombre ambiance, hier matin, devant la mairie de Mérignac (33), où un conseil municipal extraordinaire avait été convoqué après l'annonce de la fermeture du site industriel EADS Sogerma Services. Manifestement choqués par cette funeste nouvelle, élus et syndicalistes se rassemblaient devant l'entrée par petits groupes silencieux, comme pour une triste cérémonie où l'espoir semblait avoir perdu la partie.
Le conseil d'administration du groupe EADS, qui a annoncé vendredi qu'il rayait de la carte le site Sogerma de Mérignac et ses 1 050 emplois (et 3 000 dans la sous-traitance), a créé un tel traumatisme que les intéressés étaient comme foudroyés. Malgré l'importance de l'enjeu, c'est tout juste en effet si une centaine de personnes s'étaient rassemblées sur les bancs du public du Conseil municipal.

« J'accuse ». Après avoir remercié les présents, Michel Sainte-Marie, député maire de Mérignac, laissait parler sa colère vis-à-vis des dirigeants d'un groupe qu'il avait rencontré récemment en compagnie d'Alain Rousset, président du Conseil régional. Ceux-ci n'avaient jamais évoqué devant eux la probabilité d'une fermeture, même s'ils n'avaient pas caché que la situation était grave et que des centaines d'emplois étaient certainement menacés.
« J'accuse EADS et les actionnaires d'EADS, dont le gouvernement français, qui en possède 15 % des parts ! Qu'avez-vous fait ? » La célèbre formule, souvent galvaudée, semblait pour une fois appropriée. Michel Sainte-Marie exprimait « la forte indignation du maire devant un coup de force inadmissible ». Encore davantage abasourdis que furieux, les syndicalistes vérifiaient avec stupeur que les plans les plus noirs qu'ils avaient pu imaginer devenaient la vérité sous leurs yeux : « Depuis quatre mois nous étions les seuls à communiquer avec les 1 000 salariés du personnel », expliquait Jean-Lois Dauphin, le représentant de la CFDT. « Nous avons appris la nouvelle par la radio ou par des messages Internet, comme tout le monde. » Il ajoutait : « C'était bien la volonté d'EADS d'éliminer la maintenance en France et en Europe, tout était fait pour vider les ateliers et les hangars. »
Vincent Loizeau, au nom de la CFE-CGC, s'inquiétait des éventuels reclassements qui seraient proposés dans le groupe : « On nous parle de mobilité, mais tout le monde n'est pas mobile, avec les conjoints et les enfants. On ne peut pas les laisser sans réponse, et il n'y aura pas de plan social chez les sous-traitants. »
C'est sur les bancs du PCF et de Lutte ouvrière que l'on semblait, bien sûr, le plus prêt à en découdre. Joël Girard, conseiller municipal communiste, affirmait : « Nous ne nous laisserons pas faire ! Lançons un appel à toutes les forces de gauche et syndicales pour sauver cette entreprise ! » C'était d'ailleurs chose faite dans l'après-midi, lorsque le secrétaire fédéral du PCF a appelé les forces de gauche du département à une réunion ce soir pour décider ses actions prochaines.
Au nom de Lutte ouvrière, Nelly Malaty parlait d'une « fermeture inacceptable ». Elle obtenait d'ailleurs que la résolution votée à l'unanimité par le Conseil municipal soit amendée en incluant une phrase annonçant une solidarité active immédiate dans la lutte, sans se limiter à un constat compassionnel.
Les conseillers UMP et UDF votaient tout cela sans sourciller, même si quelques-unes de leurs réflexions entraînaient quelques mouvements divers dans l'assistance des syndicalistes.

« Une saloperie ». Le Vert Gérard Chausset traduisait cette indignation sourde en langage plus courant : « C'est une saloperie qu'EADS a faite à Mérignac et à la région tout entière » et, s'inquiétant de l'avenir, il s'interrogeait : « Sogerma n'est peut-être qu'un début. » Elargissant la question posée par Michel Sainte-Marie, il demandait aussi : « Quel temps Michèle Alliot-Marie a consacré à cette affaire et que fait le préfet ? », avant de prêcher pour une diversification de l'activité.
Alain Anziani, adjoint au maire, plaidant pour une « politique industrielle à laquelle le gouvernement doit contribuer », dressait un véritable réquisitoire : « Ce sont les dirigeants d'EADS qui se sont trompés et on fait payer l'addition aux salariés. On se fiche de nous et on se fiche d'eux ! »
« Le gouvernement et lui seul doit agir, en liaison avec EADS », affirmait Michel Sainte-Marie en guise de conclusion, rappelant que, pour le moment, « il n'a rien fait ». Quand une entreprise ferme, on ressent toujours ce même sentiment d'abandon, mais encore aggravé dans le cas d'une société où l'Etat est à la fois actionnaire et donneur d'ordre.

« Les dirigeants se sont trompés, mais on fait payer l'addition aux salariés »

Publicité
Publicité
EADS SOGERMA et ses filiales
Publicité
Archives
Publicité